Petite histoire de la cuisine anglo-saxonne

20/10/2023

Une cuisine faite d’influences

Si la cuisine britannique souffre quelque peu de sa mauvaise réputation de nos jours, cela n’a pas toujours été le cas. Passée par de nombreuses influences avant de devenir ce qu’elle est aujourd’hui, la gastronomie anglo-saxonne fut un temps reconnue dans le monde entier : au Moyen-âge déjà, les tables des Rois débordaient d’épices exotiques importées notamment par les envahisseurs normands.

Avec l’expansion de l’empire britannique, le pays devient un acteur majeur du commerce des épices : de retour au Royaume-Uni, les officiers de la compagnie des Indes introduisent le curry ainsi que certains condiments épicés et particulièrement le chutney, cette sauce à base de fruits ou de légumes cuits avec du vinaigre, du sucre et des épices, qui fait partie intégrante de la cuisine britannique aujourd’hui. Plats épicés et raffinés s’invitent donc sur les tables et participent à l’excellente réputation de la cuisine britannique.

Autre conséquence – et non des moindres – des échanges entre le Royaume-Uni et l’Asie : le thé ! Rapportée de Chine au 17ème siècle, la boisson se popularise d’abord au sein de la Cour royale et envahit ensuite les nombreux "coffee-houses" de l’époque où elle est également consommée par les classes populaires.

Ainsi, depuis le Moyen-Age, le Royaume-Uni n’avait absolument pas à rougir de sa gastronomie. Alors qu’est-ce qui a pu provoquer ce "déclin" ?

Certains le situent à l'époque victorienne, dans la deuxième partie du XIXème siècle : la Reine Victoria et la bourgeoisie imposent alors une alimentation plus basique, voire pauvre, dans l'esprit de la morale protestante qui régit la société puritaine de l'époque, bien loin des plaisirs de la table autrefois si chers aux Britanniques.

D'autres experts imputent ce déclin aux politiques de rationnement mises en place lors de la Seconde Guerre mondiale et maintenues jusqu’aux années 50 – une période de privation qui aurait poussé à laisser de côté les plaisirs du palais pour se concentrer uniquement sur la survie à partir d’aliments basiques, non cuisinés et donc peu savoureux. Une tendance renforcée par la Révolution Industrielle qui a très vite fait rompre les ouvriers avec toute racine paysanne en encourageant une alimentation industrielle et rapide à préparer pour les travailleurs n'ayant plus le temps de cuisiner. C'est à cette période que le Fish and Chips s'impose comme "plat national", et que la tendance alimentaire du "fast-food", largement adoptée aux Etats-Unis, se répand également en Grande-Bretagne.

Epices

Et aujourd’hui ?

Alors oui, le récent passé culinaire des Britanniques leur a très peu donné matière à se vanter. Mais les différentes épidémies alimentaires comme la vache folle ou la fièvre aphteuse, ainsi que la médiatisation croissante des chefs, ont déclenché une véritable prise de conscience Outre-Manche.

Les Britanniques se tournent désormais vers des produits plus sains : ils sont même devenus les plus grands consommateurs de produits biologiques en Europe ! Les plats à base de viande sont peu à peu délaissés au profit des repas végétariens, et si viande il y a (puisqu'aucune crise, si grave soit-elle, ne pourrait déroger les Britanniques au traditionnel Sunday Roast), elle provient de plus en plus des fermes locales. Parallèlement, on attribue une importance accrue aux produits de terroir, cuisinés "aux petits oignons" (ou même sans, chacun ses goûts) par des chefs dignes de ce nom dans les gastropubs qui éclosent un peu partout dans le pays depuis les années 80.

Les médias ont également joué un rôle primordial dans la popularisation de cette nouvelle cuisine : ouvrez n'importe quel quotidien national, vous y trouverez au moins une page consacrée à la gastronomie. A la radio, c'est la BBC et son "Food Programme" qui en explorent tous les aspects depuis maintenant plus de 40 ans. Depuis les années 90, les émissions culinaires de plus en plus nombreuses et au succès planétaire, portées par des chefs tels Gordon RamsayJamie Oliver ou encore Delia Smith, ont participé à la remettre au goût du jour. Ces chefs ont contribué à redorer l'image de cette gastronomie si longtemps dénigrée en créant des plats à la fois innovants, conviviaux et aux multiples influences.

Car s'il y a bien une chose qui caractérise la cuisine anglo-saxonne d'aujourd'hui, c'est sa multiculturalité : loin du chauvinisme de la gastronomie française ou italienne, Londres notamment, véritable théâtre de créativité et d'innovations, a vu son paysage culinaire s'agrandir et se diversifier considérablement ces dernières années. L'influence de la cuisine indienne est toujours présente ; le "curry" (qui ici désigne toute une catégorie de plats en sauce à base d'épices) fait d'ailleurs partie des plats préférés des Britanniques. Veeraswamy, le plus vieux restaurant indien du Royaume-Uni, est devenu une véritable institution qui représente à elle seule ce métissage historique des savoir-faire britannique et indien.

La cuisine britannique affiche également les couleurs de la Méditerranée, une approche culinaire popularisée par le chef Jamie Oliver. Outre ces deux tendances, Londres regorge d'adresses et de cuisines aux identités et origines multiples : vietnamienne, japonaise, nigériane, pakistanaise, polonaise… Cette variété, cette profusion de cuisines ont fait de Londres la nouvelle capitale de la gastronomie et ont conduit de nombreux chefs français comme Alain Ducasse, Anne-Sophie Pic, Hélène Darroze ou encore Joël Robuchon à s'y installer.

On dirait bien que le jour est venu pour les Britanniques de se libérer des clichés culinaires qui leur sont aussi indissociables que le nuage de lait à la tasse de thé de 15 heures.

Gastronomie anglaise

Et pour en savoir plus sur la cuisine anglo-saxonne et ses secrets, consultez notre guide épicerie ici !

Article rédigé par Camille L.

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