Journal de bord d'une passionnée de whisky 2025 - Episode 9
Amatrice de whisky et conseillère au Comptoir Irlandais, retrouvez-moi chaque mois pour un voyage au cœur du monde du spiritueux. À travers mes publications, je vous ferai découvrir mes impressions, mes coups de cœur et toutes les connaissances que j’ai acquises sur ces boissons d’exception. Je vous emmènerai également à la rencontre de distilleries fascinantes et vous ferai partager les secrets de leur savoir-faire. Un rendez-vous à ne pas manquer pour les passionnés et curieux du whisky !
Épisode 9 : L'Incroyable histoire des whiskies disparus

Ce mois-ci, nous ne mettons pas tout à fait le cap sur l’Écosse… mais presque ! Cette fois, l’histoire nous conduit tout près, sur la côte bretonne.
Nous vous invitons ainsi au cœur de la Celtic Whisky Distillerie : son univers, ses secrets, sa gamme… et surtout le lien singulier qui nous unit au Comptoir Irlandais dans cette aventure audacieuse… en whisky.
Imaginez un après-midi d’été, le vent du large caressant les toits de la distillerie, tandis que l’air iodé s’infiltre jusque dans les chais. Notre acheteur, carnet à la main, verre en poche et curiosité éveillée, arpente les installations, échange avec les équipes, scrute les alambics et se balade au milieu des chais… avant de tomber par hasard, sur quelque chose de véritablement extraordinaire.
Première partie : la petite ferme distillerie de Bretagne
Histoire & fondation
Avant de plonger dans le vif du sujet, un peu de contexte historique.
La Celtic Whisky Distillerie voit le jour en 1997, lorsque Martine et Jean Donnay, séduits par le charme du nord de la Bretagne, décident de créer une distillerie artisanale à Pleubian, entre terre et mer, dans les Côtes-d’Armor. Le choix de ce climat n’est pas anodin : il joue un rôle majeur dans le profil aromatique des whiskys.
La distillerie est située au 2 allée des Embruns, 22610 Larmor-Pleubian, sur le site d’une ferme datant de 1668, entièrement rénovée par les fondateurs. L’atmosphère, à la fois celtique et maritime, se mêle parfaitement à l’esprit de l’adresse. Le paysage environnant vent, embruns, lumière douce du large, proximité de l’Île-de-Bréhat et mer à perte de vue participe directement à l’identité gustative des whiskys. Les habitants de la presqu’île du Trégor et le sentier côtier tout proche enrichissent l’écosystème humain de la distillerie.
Pour Le Comptoir Irlandais, spécialiste des spiritueux, cette proximité bretonne est une résonance naturelle : des voisins de qualité, partageant le même goût pour l’excellence. Derrière ses airs de petite ferme tranquille, la distillerie trace son chemin avec élégance et discrétion. Ses whiskys Kornog et Glann Ar mor sont aujourd’hui accessibles bien au-delà des côtes bretonnes.
En 2020, Maison Villevert reprend la maison pour assurer son développement et sa pérennité. La Celtic Whisky Distillerie obtient l’indication géographique « Whisky breton », rejoignant Warenghem et ses whiskys Armorik, et confirmant ainsi son statut d’acteur reconnu sur la scène française.
Les figures clés
Au-delà des fondateurs, il est essentiel de mettre en lumière les femmes qui contribuent, directement ou indirectement, à l’histoire des distilleries. De nombreux talents féminins interviennent dans le marketing, le design, la communication ou encore l’accueil en boutique.
En tant que spécialiste en spiritueux, je le souligne : valoriser ces rôles dans un univers longtemps masculin est indispensable, tant pour l’avenir de la filière que pour inspirer les nouvelles générations à explorer le monde des spiritueux. Martine Donnay, co-fondatrice passionnée, a ainsi joué un rôle central dans la définition de l’identité et de l’ancrage breton de la distillerie.
L’équipe de la Celtic Whisky Distillerie n’a pas été constituée au hasard : ses membres partagent des valeurs communes, un profond attachement à la terre bretonne et à l’âme celte qui caractérisent si fortement leurs whiskys. Ce trait se retrouve dans le « Kornog », un single malt à la tourbe affirmée, héritier des traditions écossaises. Chaque membre de l’équipe participe activement à une production artisanale, où la main humaine reste au cœur du processus. Ces valeurs partagées renforcent la cohésion et l’excellence, unissant des individus aux qualités humaines et professionnelles remarquables.
Technique & savoir-faire
Sur le plan technique, la Celtic Whisky Distillerie s’inscrit dans une approche profondément artisanale. Ses alambics en cuivre, à « forme d’oignon », sont chauffés à flamme nue, tandis que la fermentation s’effectue dans des cuves en bois, et que la distillation se fait lentement, avec une attention constante portée à chaque détail. Le vieillissement se déroule en bord de mer, dans un climat océanique humide qui imprime subtilement aux whiskys leurs nuances aromatiques caractéristiques. Les embouteillages se font sans filtration à froid, conservant la couleur naturelle du distillat et affirmant l’engagement de la distillerie pour la qualité et l’authenticité. Les gammes reflètent cette rigueur technique, allant des malts non tourbés, comme le Glann Ar mor , aux whiskys tourbés tels que le Kornog, tous deux protégés par l’indication géographique « Whisky breton », qui témoigne d’une exigence et d’une cohérence remarquable dans l’approche de production.

Anecdotes & légendes
Les noms des whiskys reflètent parfaitement l’ancrage breton de la distillerie : « Kornog », qui signifie « ouest » en breton, évoque directement la situation géographique et le souffle marin, tandis que « Glann Ar Mor », littéralement « bord de mer », souligne à nouveau le lien fort avec l’environnement maritime. Le packaging, modernisé en 2021, rend hommage à cet univers celte et océanique, avec un flacon au style « écossais revisité » pour les deux marques phares. Lors de l’acquisition par Maison Villevert, l’objectif affiché était clair : préserver l’âme de la distillerie et maintenir cette identité bretonne et maritime unique.
Une Gamme classique accessible
la distillerie propose une gamme classique solide et accessible. On y trouve donc le Glann Ar mor Bourbon Barrel 46°, un single malt non tourbé, ainsi que le Gwalarn, un blend celtique premium de la maison à 40°. Ces références offrent l’opportunité de découvrir l’univers breton de la distillerie sans nécessairement se tourner vers les éditions les plus rares et prestigieuses. Rassurez-vous, nous approchons doucement du cœur de l’histoire… patience, le meilleur reste à venir.
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Impact dans le monde des whiskies
Bien que jeune comparée aux géants écossais, la Celtic Whisky Distillerie s’est rapidement affirmée comme l’une des distilleries françaises les plus reconnues et décorées. L’obtention de l’indication géographique « Whisky breton » renforce son rayonnement et confère à la maison un statut institutionnel au sein du segment des whiskies artisanaux français. Son ancrage celte et maritime lui confère une identité distinctive, offrant une signature gustative unique, à la hauteur des plus belles distilleries d’Écosse.
Notre lien avec Le Comptoir Irlandais
Depuis toujours, Le Comptoir Irlandais s’intéresse à l’exploration des terroirs du whisky au-delà des frontières écossaises. Notre lien avec la Celtic Whisky Distillerie repose sur plusieurs fondations solides : une affinité géographique naturelle avec la Bretagne que nous chérissons, une exigence commune de qualité et une identité forte, ainsi que la volonté d’offrir à notre clientèle française et internationale un whisky breton unique, capable de se distinguer dans l’univers des spiritueux.
Seconde partie : Quand le Temps et l’Art se Rencontrent
Le vif du sujet : Les Fûts Oubliés
Certaines histoires naissent dans le silence et la pénombre des chais. Celle des Fûts Oubliés commence ainsi, dans les Côtes d’Armor, au cœur de la Celtic Whisky Distillerie, connue pour Kornog et Glann Ar Mor. C’est ici que le hasard et la patience se sont rencontrés, donnant naissance à une collection unique, où le temps lui-même semble distillé dans chaque fût.
Il y a de longues années, des barriques venues d’Écosse y furent entreposées. Leur projet initial était de créer des embouteillages indépendants façonnés par le climat breton. Mais avec le temps et les multiples projets de la distillerie, ces fûts, placés à l’écart, ont glissé dans l’ombre, oubliés, comme endormis, attendant que quelqu’un découvre leur secret.
Lorsque nous les avons trouvés, recouverts de poussière et baignés par la lumière tamisée du chai, le charme a immédiatement opéré. Ces bois patinés renfermaient des trésors : des whiskies issus de grandes distilleries écossaises, parfois disparues comme Caperdonich, mais aussi de noms emblématiques tels que Benriach, Aberfeldy, Craigellachie, Glen Moray ou encore un Linkwood de plus de 30 ans, tous mûris avec lenteur et patience.
Au total, 17 whiskies composent cette collection, âgés de 17 à 34 ans, qui seront dévoilés progressivement en quatre séries, la première sortant en novembre 2025.
Trois fûts – un Craigellachie, un Cragganmore et un Aberfeldy – avaient été embouteillés plus tôt, jugés déjà matures. Les autres ont attendu, silencieux, que le temps et la curiosité leur donnent une nouvelle vie.
Pour sublimer cette rencontre entre passé et présent, quatre street artistes bretons ont été invités à créer les étiquettes. Comme le whisky, leur art naît du temps et de la matière, traduisant en couleurs et en formes l’âme de chaque fût. Chaque bouteille devient ainsi une œuvre unique, où mémoire, climat breton et expression contemporaine se rencontrent pour raconter l’histoire de ces trésors longtemps oubliés.
Ils sont disponibles dans toutes nos boutiques et notre site internet (mais pour combien de temps.?.)
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Une Artiste
La première série de la collection prend vie sous le trait d’Erika Raio. Artiste engagée et passionnée, Erika s’inspire du temps, de la matière et de la mémoire des objets pour créer ses œuvres.
Chaque fût raconte une histoire unique, un parcours long et patient qui trouve un écho dans sa propre démarche artistique.
Pour La Révélation, Erika a choisi de dialoguer avec les whiskies de Aberfeldy, Benriach, Craigellachie, Caperdonich et Linkwood. Les formes abstraites et les textures de ses créations reprennent le mouvement lent et la patine des barriques, capturant la transformation du bois et la profondeur des arômes. Chaque couleur, chaque nuance semble évoquer les couches de temps accumulées dans les fûts, la lente maturation et la renaissance silencieuse de ces spiritueux exceptionnels.
Ses Intentions :
« L'idée est de partir de mes matières de prédilection, des couleurs confectionnées à base de pigments
naturels sur des papiers anciens ou texturés. De jouer avec des typographies que j'imprime moi même à
partir de caractère d'imprimerie anciens en bois. Et des cartes de l'Ecosse.
J'ai envie de faire des parallèles de matière. Ce sont des fûts oubliés, la notion de temps est importante.
J'utilise des éléments qui ont gardés la trace du temps et de l'usure avec tout le charme que cela implique.
Je vais donc associer des matières, des textures à certaines caractéristiques de ces nectars. »
Les embouteillages
Le climat breton a façonné leur évolution de manière unique. Plus doux et plus humide que celui du Speyside, il a amplifié l’influence du bois, révélant des notes épicées et boisées plus profondes. L’humidité maritime a réduit le taux d’alcool plus rapidement, donnant des whiskies puissants mais étonnamment fins, élégants et équilibrés. Tous sont embouteillés brut de fût, avec des degrés souvent inférieurs à 50 %, offrant un style rare, riche et accessible.
L’aventure ne fait que commencer. Les secrets de la Celtic Whisky Distillerie ne s’arrêtent pas là, et de nouvelles découvertes vous attendent dans nos prochaines séries. Restez attentifs : le meilleur reste à venir… et il s’annonce vraiment surprenant.
Pour ma part, je suis et resterai émerveillée de constater qu’il existe encore des histoires comme celle-ci. J’éprouve la même excitation que celle ressentie lorsque Luca Gargano a mis la main sur les fûts de Caroni, ou encore lorsque nous avons déniché les fûts originaux de Black Tot, perdus au fin fond de la tour de Londres !
Bref, je vous dis à très vite !
Rédigé par Philomène B.












