Journal de bord d'une passionnée de whisky en voyage à Islay - 1ère partie
Amatrice de whisky et conseillère de vente au Comptoir irlandais, voici la 1ère partie du journal de bord tenu lors de mon voyage à Islay, où j'ai eu la chance de visiter six distilleries d'exception. Au fil des publications, tout au long de l'été, je vous ferai partager mes impressions, mes coups de cœur ainsi que tout ce que j'ai pu apprendre sur le whisky et sur ces incroyables distilleries lors de mes visites. Laissez-moi d'abord vous parler d'Islay, cette île située au Sud-ouest de l'Écosse où tourbe et embruns empreignent les whiskies.
Isle of Islay
La reine des Hébrides comme on la surnomme est une petite île avec 3000 habitants à l’année. Elle est très connue pour son climat permettant la culture de l’orge et la qualité de ses tourbières, des éléments importants pour la réalisation d’un whisky emblématique. Composée de 9 distilleries actuellement en activité, du haut de ses 18 distilleries aujourd’hui fermées et enfin de ses 2 nouvelles en cours de projet, elle est un lieu incontournable pour les amateurs de whisky.
Le whisky est ce qui définit l’île d’Islay dans la tête de tout amateur. Ce n’est pas entièrement faux car il fait partie de la vie quotidienne des habitants, du folklore, de l’histoire mais aussi des légendes de l’île. À travers les mers souvent déchaînées, les plaines, les monts, les tourbières et les champs d’orge, se dessinent des paysages à couper le souffle. Islay possède, comme tous les lieux de cette magnifique région que forment les pays celtiques, des dizaines de belles légendes que les habitants aiment nous conter. Je vais vous raconter tout cela à travers mon voyage autour de l’île.
Une île de légendes
Comme toute belle histoire commence par une histoire d’amour, je vais commencer mon récit par l’une d’entre elles. Une jeune femme était destinée à épouser un homme financièrement stable et plus âgé qu’elle : un mariage sans amour. Son cœur était ailleurs, vers un bel employé de la distillerie d’à côté. Malheureusement, faute de moyens, il ne pouvait prétendre à l’épouser... Le directeur de la distillerie où il œuvrait, touché par cet amour impossible, décida de lui offrir plusieurs galons de whisky provenant de sa distillerie, permettant au jeune homme de les vendre afin d’offrir à sa bien-aimée de belles noces. Les festivités de ce beau mariage dureront un mois entier.
Malheureusement, quelques jours après, le jeune homme qui se baladait près de l’eau se fit emporter par un tourbillon provenant de la mer. Il tomba très malade et mourut tragiquement dans les bras de sa bien-aimée. Ses derniers mots auront été pour elle, et il lui promit de revenir. La nuit suivant sa mort, il apparut près d’elle. Il lui expliqua que le tourbillon qui l’avait emporté était magique. Il s’agissait en fait de la Ban-uasal à Eilean Emerald en gaélique écossais, autrement dit la déesse de l’île d’Émeraude (l’Irlande). Elle l’avait enlevé afin de lui substituer la recette de cette délicieuse uisge beatha (aquavitae) aux vertus médicinales que les habitants de l’île d’Islay nommaient « Ooshki » (whisky). Le jeune homme ayant gardé son secret en perdit la vie.
Il mit en garde sa jeune épouse et lui dit que la déesse reviendra pour s’emparer de la recette, que les tourbillons venus de la mer allaient se multiplier sur la plaine de Kidalton. Mais il y a une solution pour qu’ils se retrouvent à nouveau tous les deux ! Il suffirait de lancer une dague à travers l’un d’entre eux tout en prononçant ces mots: « uisge beatha ». Ce qu’elle fit ; et alors son amant ressuscita à ses pieds. Un beau jour, les tourbillons cessèrent. Étrangement, sur l’île d’Émeraude, un Écossais du nom de (Saint) Patrick dictait sa recette de ce qu’il appelait « Whiskey ».
Dans la prochaine publication de ce journal de voyage, je vous dirai tout ce que vous devez savoir sur la fabrication du whisky. Rendez-vous dans deux semaines !
Article rédigé par Philomène B.
